Compte rendu du Tour du lac de nuit 2011
Belle Histoire que ce tour du lac de nuit 2011 !
La
nuit vient de tomber sur la « Plage du Reposoir », Damien assène les
dernières consignes : « Ce n’est pas une course. Pas de mine. Pas
d’échappée. Tout le monde doit rester groupé jusqu’à … Douvaine ».
L’épreuve est avant tout solidaire et ce n’est qu’à la fin, lorsque
l’aube pointera son nez, qu’on pourra lâcher les fauves. La curée sera
brève. On a encore le temps…
Pour
cette troisième édition du Tour du Lac Nocturne, avec l’expérience,
l’organisation a vu large sur le plan de la sécurité : deux véhicules
d’assistance, deux scooters et une Harley encadrent une quarantaine de
cyclistes, en majorité des routiers et des routières. Toutefois les
poètes sont aussi de de la partie. Un zest de fixies et une poignée de
VTT assaisonnent le plat et apportent ce supplément d’âme qui fait le
charme de cette randonnée si spéciale.
C’est
donc à l’heure prévue que notre troupeau de deux roues s’élance face à
la bise direction Lausanne. Il suit fidèlement son Moïse en la personne
de Jean-Michel Colson qui pilote l’un des deux véhicules d’assistance.
Le Guide connaît manifestement son affaire. Il révèlera toute sa
maestria lors d’une traversée de Montreux qui figurera dans les annales.
Mais la Terre Promise est encore loin…
Rouler
de nuit n’est pas chose évidente. Il s’agit de trouver sa position,
d’assurer son rythme et surtout de rester groupé. Toute ces contraintes
demandent de la concentration, mais la sécurité est là, vigilante et
rassurante… La discipline des participants et l’efficacité de nos
gardiens motorisés font merveille. Les passages « stratégiques » sont
systématiquement bloqués, assurant l’écoulement du flot.
Ce
n’est pas tout. Damien qui connaît ses classiques du western a aussi
puisé son inspiration dans deux films mythiques : « la Rivière Rouge »
et « les Cow-Boys ». Tel John Wayne conduisant ses bêtes à corne du
Texas jusqu’au Missouri, il ramène les esseulés et modère l’allure des
plus vivaces. Il est secondé dans cette tâche par un casting d’enfer :
Fabien Wolf et Thomas Lossek. Grâce leur soit rendue…
On
arrive rapidement à Lausanne, première halte. Un premier commando se
soulage naturellement, puis un second… Maaiké décèle un privilège
exclusivement masculin. Elle a manifestement raison. Le Guide
Jean-Michel dévoile les victuailles, mais Damien prévient que la manne
est limitée. La nuit est encore longue.
Direction
Montreux. La ville est en plein festival de jazz (ou du moins ce qu’il
en reste, mais ceci est une autre histoire !). Les trottoirs sont noirs
de monde, rempli par un public festif. La police locale, impressionnée
par le gyrophare céleste du Guide, assure le passage et tempère les
ardeurs de nos fans. L’instant est magique et certains d’entre nous sont
persuadés que Carlos Santana est bien là, nous observant et surtout
nous enviant. Ils ont probablement raison et gageons que le Mexicain
sublime troquera sa Gibson pour un Cervélo, et pédalera avec nous l’an
prochain. Oyé Como va !
Nous
laissons les clameurs de la ville pour gagner le Valais paisible. Le
moment d’émotion s’estompe, la Harley Davidson sillonne la nuit,
distillant une légère musique de rock, histoire de nous maintenir dans
l’ambiance…
Deuxième
halte à la Passerelle du Rhône. Elle est la bienvenue, même si
l’endroit, de nuit, est toujours aussi sinistre. Le besoin de sommeil
commence à se faire sentir, il commence à faire froid et certains
s’équipent en conséquence. Les autres, tel le philosophe stoïcien
Posidonius (« Douleur tu n’es qu’un mot ») n’auront qu’à faire avec.
Damien hasarde une question sans grande conviction : « S’il y en a qui
ont envie d’abandonner ? »
Puis,
c’est reparti, direction la France. Les uns ont la nostalgie du bitume
helvète, les autres ne font guère la différence. La chaussée est
largement rafistolée sur les deux rives. La fatigue gagne et les
conversations baissent. Quelques fêtards nous hurlent des
encouragements incompréhensibles. La Harley nous distille un Chuck Berry
lointain. Vivement Thonon…
Thonon
n’a pas le charme d’Evian, mais son étape est la bienvenue. Le Guide
distribue ses derniers sandouiches et Damien nous avertit que la rupture
aura lieu peu avant. Nous n’avons pas fini de souffrir appréhendant les
moments de solitude qu’il nous faudra affronter.
Dernière
étape, direction Genève. Quelques kilomètres plus loin, les coursiers
se lâchent. Certains tentent de les suivre, et finissent par succomber.
Des grupetti se constituent dans la douleur. Mais où sont passés les
fixies ? Le dernier faux plat ascendant qui en cache un autre, puis un
autre, la frontière et enfin la descente vivifiante de Vésenaz. L’aube
se lève sur Genève et enfin la Plage du Reposoir. Café, bière, bons
mots. L’homme est un animal politique, il retrouve les plaisirs et
l’assurance de la société. On congratule Damien et les fixies. On se
congratule et on dit qu’on remettra ça l’année prochaine.
Merci
à Damien, à notre Guide et nos accompagnateurs et accompagnatrices, à
Fabien, à Thomas à Patrick et à tous les participants et participantes
qui ont écrit le troisième tome du roman du Tour du Lac Nocturne.
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